dimanche 5 septembre 2010

MIURA par Tierry Girard

15 AOUT 2010 TOROS DE « MIURA »POUR :
JUAN JOSE PADILLA
ANTONIO BARRERA
JULIEN LESCARRET

Le rituel du sorteo est une chose sacrée, un des moments les plus importants de la tarde. Les cuadrillas mettent parfois longtemps à faire les lots et au dernier moment il y a toujours un peón qui s’inquiète de voir réunis le « 2 » avec le « 46 », ça lui paraît incongru alors qu’ils viennent d’en débattre deux heures durant, ainsi on recommence tout, et la tension nerveuse de monter…
Dimanche 15 Aout 2010, nous sommes sur les passerelles et je croise mon copain Rafael Cañada que je salue et à qui je demande les lots, « c’est pas encore fait mais presque me rétorque t-il, on va voir les sobreros ». Il n’y a pas demi heure qu’ils sont là, et déjà l’affaire a l’air réglée, elle le sera un quart d’heure après, une fois que Padilla sera venu voir les Miura et aura en rigolant montré à l’impressa ceux qu’il désirerait (les plus gros !).
Les lots faits, les visiteurs invités sont priés de descendre, je revois Rafael pour confirmation des numéros et du nom de chaque banderillero qui va sortéer. Le président de course est bien là avec les deux assesseurs féminins, je m’approche du micro, et Robert Margé me demande de commencer le sorteo. La routine, je fais mettre tout le monde en demi-cercle(en abanico) pour la caméra, et on y va. D’abord rappeler le cartel, alors je commence , « Ganaderia Miura pour : ET LA, le trou noir sur le prénom de Padilla, l’abîme profond, rien ne me vient, et vous savez peut-être ce que ça fait, plus on cherche et plus on se perd, et moi, respectueux du torero je ne veux pas annoncer « Padilla » alors je donne un coup de coude à Serge Calmel et je lui souffle « aide-moi », il se tourne et me lâche : « Padilla », putain je suis pas plus avancé, heureusement Robert Margé vient au quite et me balance « Juan José Padilla », ouf après quelques secondes de bug, je peux annoncer le cartel, et j’y vais franco : Juan José Padilla, Antonio Barrera, et …RAFAEL CAÑADA ! Moment de stupeur dans les rangs de ceux qui savent, certains pensent déjà que je viens de m’échapper de l’hôpital, je m’excuse d’une pirouette prétextant que j’essayais de trouver un contrat pour mon copain Cañada et je refais l’annonce, sans me tromper cette fois, avec pour troisième torero Julien Lescarret et non son peón de confiance, ambiance…Alors, comme à mon habitude je vais expliquer aux non initiés le rituel des numéros à tirer au sort , du papier à cigarettes, des boules à mettre dans le chapeau, quand dans l’assistance quelqu’un me reprend : « Des boulettes ». J’acquiesce et précise que Rafael Cañada passant souvent en troisième a l’habitude de faire des boulettes, ce à quoi il me rétorque tout en tournant le papier dans ses doigts : « je suis pas le seul à en faire ! ».
Mais c’est pas fini, les boules sont prêtes, on demande à Rafael, mayoral de Miura, son Cordobès, l’autre Rafael y met les bouts de papier, et Robert demande à une invitée son chapeau pour recouvrir le tout, là le président de la course lève le bras droit (signe de refus) et impose sa casquette de campo. Rien à redire sauf que la casquette ne couvre pas toute la surface de vide, il reste une petite fente qui laisse passer le jour, c’est pas très étanche, qu’importe, les cuadrillas se signent, se souhaitent « suerte » en espérant que leur torero mettra le bain aux deux autres, embrassent les médailles, secouent le chapeau, et s’apprêtent à tirer les lots quand Robert balance : « momento ! », lui aussi veut remuer, ce qu’il fait, mais comme il est loin, du fait de l’abanico (voir plus haut), il lui faut tendre le bras et cela l’oblige à taper fort sur le cul du chapeau, arrive la suite que je pense peu de gens ont vu dans leur vie, une des trois boulettes élaborées avec amour par Rafael Cañada sort du chapeau, s’envole un petit peu et retombe dans le sac à main de l’assesseur (Clotilde Grimal), moment de stupeur mais aussitôt le peon qui n’a pas lâché la boulette des yeux pendant sa course folle s’écrie « No la tocas ! », et, impérial, plonge la main dans le sac à main de Mme Grimal, sort la boulette , l’ouvre délicatement devant les premiers rangs médusés et annonce ses deux toros ! Nous, les habitués du sortéo réfrénons une envie de lâcher un Olé qui s’impose, mais nous avons assez fait de conneries comme ça, le tirage fini, on demande aux peónes d’aller revoir les toros pour nous communiquer l’ordre, j’annonce la présence des politiques habituels dont notre maire, et je vais pour présenter la ganaderia. Mais afin de rattraper le coup de cette ambiance un peu flamenca malgré nous, je décide de balancer mon texte « Murcielago », un peu longuet mais Robert est d’accord, je me lance et là, ce que j’ai oublié, c’est le petit verre d’eau, bien vite j’ai la bouche archi sèche et ne peux plus rien prononcer, Clotilde Grimal rentre en sobresaliente et Mr Bascoul représentant le vin du jour vient à mon secours avec un verre de Picpoul, je peux reprendre le fil de mon texte et le terminer, mais quelle épreuve !
Après avoir annoncé l’ordre de sortie, les clubs Paul Ricard, je rends le micro et me noie dans la foule. Comme sorteo j’ai connu plus calme, n’empêche, deux jeunes viennent me remercier d’avoir si bien expliqué (« parce que eux, et bé ils y comprennent rien ; alors ! Mais avec vous on a tout compris ») et bé voilà, fallait pas s’affoler, juste expliquer un petit peu….
 

Tierry Girard

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