Ma passion pour les taureaux me pousse dès les premiers jours vers ces bêtes noires. Chaque soir, après mon travail, je vais les voir, et leur donner à manger du fourrage. Petit à petit les jeunes lycéens de Portiragnes viennent s’amuser à courir derrière le bétail et s’initier timidement au raset dans un baou de fortune.
Le jeudi et le samedi, ils coupent des branches et des arbustes pour clôturer les prés.
– LA NAISSANCE-
Après l’été 1973, on étudie la possibilité de créer un club taurin. Des contacts sont pris avec le président de zone des clubs taurin Ricard qui n’était autre que Mr Combes, également président du club taurin de Bessan et Mr Salvadorini représentant les clubs taurins Ricard du languedoc.
Nous les recevons dans les salans, à la vue du paysage qui rappelle la Camargue, il n’hésite pas et nous donne toutes les directive pour créer un club taurin.
C’est alors que nous contactons tous ceux qui participent en général à la vie active du village. Après plusieurs réunions, il est nommé un conseil d’administration et un bureau, qui sont déclarés la sous préfecture de Béziers le 01 février 1974.
Avec mon fourgon, nous allons chercher à la manade Daniel Thibault, à Saliers un taurillon qui sera le premier taureau de race Camargue à fouler le sol de Portiragnes.
Le club pourra alors organiser sa première ferrade et le veau sera baptisé « Portiragnais ».
Ayant vue souvent des arènes de fortune, je propose un plan pour la construction d’une arène à la Redoute-Plage.
C’est chaque samedi et dimanche qu’une équipe de Portiragnais s’affaire soit à récupérer des traverses de chemin de fer, de poteaux de téléphone, de palettes, et des croûtes de scierie, soit à travailler sur le chantier. Dans un mois les arènes sont construites et le 14 juillet 1974 a lieu le premier spectacle taurin.
Pendant cinq ans le club organisera de jour d’abord en nocturne par la suite des toros piscines devant un nombreux public, l’entrée générale était fixée à 3 Francs !!!
La première année l’eau de la piscine était amenée de Portiragnes à la Redoute dans une citerne tirée par un tracteur.
En 1977, je prends la présidence du club taurin et de 1977 à 1979 c’est la manade Thibaud qui nous fournira le bétail pour les spectacles.
Après la saison 1979, la municipalité nous demande de démolir les arènes. Le club taurin s’exécute et réutilise les traverses de chemin de fer et les poteaux de téléphone pour construire un baou du pont ou à partir de 1980 il organisera des manifestations taurines.
En 1980, le club taurin adhère à la fédération Française de la course camarguaise, son affiliation devient effective le 1 janvier 1981 sous le nom de Club Taurin Paul Ricard « LOU CAMARGUEN » Portiragnais.
Ce changement de nom a été imposé par la fédération française de la course camarguaise, nous ne devions pas porter comme nom une marque d’apéritif, mais le nom d’une personne en l’occurrence Paul Ricard nous permettait de détourner la loi et nous lui avons adjoint « Lou Camarguen » en souvenir de Carles Naudot écrivain camarguais.
Sans arènes, le club taurin végète aussi je fais alors un projet d’arènes en béton avec sous les gradins des emplacements locatifs pour les marchands ambulants de la Redoute. Ce plan n’ayant eu de suite, le club décide d’acheter une arène démontable d’occasion. Nous faisons un emprunt au pré du crédit agricole d’un montant de 50 000 Francs. Pendant 5 ans, nous animons le mercredi et le samedi la Redoute-Plage et nous allons rembourser l’emprunt.
Qu’est ce que la passion peut vous faire réaliser ?
Courant 1981, cinq membres du club se réunissent et décide d’acheter avec leur argent personnel les premières vaches du club. Elles prospèreront dans le baou du pont ou nous auront de nombreuses naissance, ce qui portera la manade à 13 bêtes qui serviront à l’animation dans les arènes et à l’organisation de ferrades dans le baou.
Depuis de nombreuses années je prends connaissance du budget du Conseil Général et m’aperçoit que celui-ci finance régulièrement des projets d’arènes. J’écris alors à cette collectivité territoriale pour connaître les conditions d’octroi de ces aides. Le Conseil Général me répond que nous avons droit en tant que club taurin affilier à la fédération à une subvention, mais que c’est à la municipalité d’en faire la demande. Je porte cette lettre à la mairie ou un projet est rapidement monté et le Conseil Général accepte de co-financer la construction.
Le 05 juillet 1987, voit enfin venir l’inauguration des nouvelles arènes. Le matin, marquage de deux taurillons de la manade du club taurin par Mr Esposito, Maire de Portiragnes et par le vice président de la FFCC. L’après-midi première course libre avec la royale de la manade Margé. Le premier prix des raseteurs étant remporté par Patrick Fougère.
Le club anime, chaque saison grâce à des toros piscines, des courses camarguaises et abrivados, Portiragnes et Portiragnes-Plage.
L’on crée en 1988, le trophée occitan, qui dans le cadre de la féria récompense chaque année le meilleur taureau et le meilleur raseteur de la course camarguaise. De nombreux raseteurs du trophée de l’avenir se sont produits dans nos arènes et sont devenus maintenant des vedettes : St Rouveyrolle, le regrété Arnaud, Bensalha, D Messeguer, Ch Triol etc.… quant au taureaux nous avons vu Arlantin, Galand (biou d’argent), Aramis (biou de l’avenir), de la manade Margé, Cravant de la manade Lopez.
1974-2009, trente cinq ans déjà. Une page d’histoire de la bouvine est écrite. Le folklore camarguais est devenu une tradition dans notre village et il faut espérer que des bénévoles (race très rare) prendront le flambeau de la relève pour que ces traditions continuent.
Je remercie tous ceux qui de loin ou de prés ont participé un jour ou l’autre à ces trente cinq ans de la vie du village.
GEORGES COGET